Me Robin Dejardin est un avocat qui représente les locataires et les propriétaires à la Régie du logement relativement à la demande de reprise de logement.
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Voici quelques notions à titre d'information sur la demande de reprise de logement.
Au Québec, la loi établit qu’un locataire peut rester dans son logement
aussi longtemps qu’il le désire, s’il respecte toutes les conditions de son
bail. C’est ce qu’on appelle le droit au maintien dans les lieux.
Il y a toutefois des exceptions à cette règle, et la reprise du logement
en est une.
Qui peut reprendre un logement ?
Le locateur, propriétaire d’un immeuble, peut reprendre un de ses
logements.
Un copropriétaire d’un immeuble en indivision1 peut
également reprendre un logement, mais à la condition qu’il n’y ait qu’un seul
autre copropriétaire, et que cet autre copropriétaire soit son conjoint2.
En cas de vente de l’immeuble, c’est au nouveau propriétaire que
reviendra la tâche d’entreprendre les démarches en vue d’obtenir la reprise,
une fois la vente de l’immeuble complétée et non simplement une promesse
d’achat signée.
Pour qui le propriétaire peut-il reprendre un logement ?
Pour s’y loger lui-même ;
Pour y loger son père, sa
mère, son fils ou sa fille ;
Pour y loger tout autre
parent ou allié3 , dont il est le
principal soutien (matériel ou moral).
Pour y loger un ex-conjoint
dont il demeure le principal soutien (matériel ou moral) après leur
séparation de corps (par jugement), leur divorce ou la dissolution de leur union civile4.
L’avis obligatoire
Le propriétaire doit faire parvenir à son locataire un avis écrit,
l’informant de son intention de reprendre le logement. Les renseignements
suivants doivent être inscrits :
la date prévue pour la
reprise (qui correspond généralement à la fin du bail) ;
le nom et le prénom de la
personne qui habitera le logement;
son degré de parenté ou son
lien avec cette personne (fils, mère, etc).
Les étapes de la
reprise du logement et les délais d’avis
Bail de plus de 6
mois
1re ÉTAPE :
Avis du propriétaire
2e ÉTAPE :
Réponse du locataire
3e ÉTAPE :
Demande à la Régie du logement par le propriétaire
6 mois avant la fin du bail
Dans le mois de la réception de l'avis du propriétaire. Sile locataire ne répond pas, il est réputé avoir refusé de quitter le
logement.
Dans le mois du refus ou de l'expiration du délai de
réponse du locataire.
Bail de 6 mois ou
moins
1re ÉTAPE :
Avis du propriétaire
2e ÉTAPE :
Réponse du locataire
3e ÉTAPE :
Demande à la Régie du logement par le propriétaire
1 mois avant la fin du bail
Dans le mois de la réception de l'avis du propriétaire. Sile locataire ne répond pas, il est réputé avoir refusé de quitter le
logement.
Dans le mois du refus ou de l'expiration du délai de
réponse du locataire.
Bail à durée
indéterminée
1re ÉTAPE:
Avis du propriétaire
2e ÉTAPE :
Réponse du locataire
3e ÉTAPE :
Demande à la Régie du logement par le propriétaire
6 mois avant la date à laquelle on entend reprendre le
logement
Dans le mois de la réception de l'avis du propriétaire. Sile locataire ne répond pas, il est réputé avoir refusé de quitter le
logement.
Dans le mois du refus ou de l'expiration du délai de
réponse du locataire.
La réponse du locataire
Lorsqu’il reçoit l’avis de reprise, le locataire a un mois pour y
répondre. Il peut accepter ou refuser de quitter son logement.
Il est préférable de communiquer la réponse à cet avis par écrit.
En matière de reprise, le locataire qui ne répond pas à l’avis donné par le
propriétaire dans le délai d’un mois est réputé avoir refusé de
quitter le logement et le propriétaire doit alors lui-même demander au
tribunal l’autorisation de reprendre le logement. À défaut, le locataire pourra
demeurer dans le logement.
Le délai pour déposer la demande de reprise à la Régie du
logement
Si le locataire a
manifesté son refus par une réponse écrite, la demande du propriétaire
doit être déposée à la Régie du logement dans le mois de la
réception de la réponse de refus.
Si le locataire n'a pas
répondu, la demande doit alors être déposée dans le mois suivant
la fin du délai de réponse du locataire.
L’audience et la preuve
Devant le tribunal, le propriétaire a le fardeau de prouver qu'il entend
réellement reprendre le logement pour la raison mentionnée dans son avis, et
qu’il ne s’agit pas d’un prétexte pour atteindre d’autres fins.
Si le propriétaire ne reprend pas le logement pour s’y loger lui-même, la
personne que le propriétaire désire y loger doit, en général, venir témoigner
à l'audience.
La décision du tribunal
S’il autorise la reprise du logement, le tribunal peut imposer les
conditions qu'il estime justes et raisonnables, y compris le paiement d'une
indemnité équivalente aux frais de déménagement. Si le locataire en fait la
demande, le tribunal peut aussi permettre la reprise à une date postérieure.
Si le tribunal refuse la demande de reprise du logement du propriétaire,
celui-ci a un mois à compter de la décision finale pour demander la fixation du
loyer.
Qu’arrive-t-il si…
…un autre logement du propriétaire se libère?
Il peut arriver qu'après un avis de reprise, un autre logement du
propriétaire devienne vacant ou offert en location à la date prévue pour la
reprise.
Si ce logement est du même genre, de loyer équivalent et qu'il se trouve
dans les environs de celui demandé par le propriétaire, celui-ci devra
l'occuper plutôt que de poursuivre sa démarche, sauf entente avec le
locataire.
…le propriétaire ne désire plus reprendre le logement?
Si le logement n'est pas repris à la date prévue pour la reprise, et si le
locataire continue de l'occuper avec l'accord du propriétaire, le bail est
reconduit automatiquement. Le propriétaire a alors un mois de la date pour
laquelle la reprise était demandée pour demander à la Régie de fixer le loyer.
…le propriétaire veut relouer le logement après l'avoir
repris ?
Si le propriétaire désire relouer le logement ou l'utiliser à une autre fin
que celle qui a mené à la reprise, peu importe après combien de mois ou
d'années, il doit en demander l’autorisation au tribunal qui, s’il
autorise cette relocation, fixera le nouveau loyer.
…la reprise semble avoir été faite de mauvaise foi ?
Après son départ, le locataire constate que le logement n'est pas utilisé
conformément à ce qui avait été demandé par le propriétaire et il est en
mesure de prouver que la démarche de ce dernier a été empreinte de
mauvaise foi : dans ce cas, le locataire peut lui réclamer des
dommages-intérêts pour le préjudice matériel et moral qu'il subit, ainsi que
des dommages punitifs.
Reprise du logement et copropriété divise (condo)
Le propriétaire qui a l'intention de convertir son immeuble en copropriété
divise, communément appelé « condominium », afin de vendre subséquemment les
logements à des tiers, doit, avant d'entreprendre toute démarche,
donner à chacun des locataires visés un avis d’intention de convertir
l’immeuble.
Dès que cet avis d'intention est donné, ni le
propriétaire actuel, ni un acquéreur subséquent de ce logement après sa
conversion en copropriété ne pourront le reprendre, sauf en de rares
exceptions. Ainsi, tout locataire ou cessionnaire en place au moment de
l'envoi de l'avis d'intention, ou tout nouveau locataire dont le bail
débute avant la date de la décision de la Régie du logement autorisant la
conversion, a le droit de demeurer dans les lieux tant et aussi longtemps
qu'il le désire, s'il respecte les conditions de son bail.
L'immeuble détenu par des copropriétaires indivis
Un immeuble est dit en «copropriété indivise» lorsqu'il appartient
à deux personnes ou plus qui sont chacune copropriétaires d'une part
indivise (non définie) de tout l'immeuble.
Par exemple, Claire, Saïda et Carol-Ann sont chacune propriétaires de 1/3
indivis de l'immeuble, mais elles ne possèdent aucun appartement en
particulier. Comme il a été mentionné au début de ce dépliant, un tel
copropriétaire ne peut reprendre un logement, sauf s'il n’est copropriétaire
qu’avec une seule autre personne qui est son conjoint 6 ou s'il détient des
droits acquis (voir la rubrique suivante).
Immeuble acquis avant 1988 : droits acquis
A) Si vous êtes copropriétaire indivis d’un immeuble de quatre
logements ou moins, la reprise du logement vous est permise :
Si votre titre de
propriété a été enregistré avant le 10 novembre 1987.
Si, le 10
novembre 1987, vous étiez signataire d’une promesse d’achat
accompagnée d’un acompte, en autant que votre titre de propriété ait été
enregistré avant le 15 juillet 1988.
B) Si vous êtes copropriétaire indivis d’un immeuble de cinq logements
ou plus, la reprise du logement vous est permise :
Si votre titre de
propriété a été enregistré avant le 11 juin 1981.
Si, le 11 juin
1981, vous étiez signataire d’une promesse d’achat accompagnée d’un
acompte, en autant que votre titre de propriété ait été enregistré avant
le 16 décembre 1981.
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